MGA, courtiers affinitaires… pourquoi davantage de liquidations judiciaires ?


Droit des assurances

A qui connaît le modèle économique du courtage d’assurance, la faillite et la liquidation judiciaire paraissent difficiles à imaginer. Et pourtant, les cas, très différents, de SFAM et de Luko, qui ne sont pas les seuls, ont marqué les esprits du microcosme de l’assurance.

A cela, on peut tenter d’identifier trois causes :

1- La purge conjoncturelle

La vague de création des Insurtechs, qui a suivi celle, plus large, des Fintech, connaît globalement depuis 2022 et la hausse des taux une sévère correction. Comme tout cycle économique, il connait une purge de temps à autre. Or qui dit Insurtech dit, le plus souvent, courtier affinitaire, le modèle de distribution d’assurance par web étant, en premier, destiné à une clientèle de masse. La fin de cycle des Insurtech a donc concomitamment été celle de presque autant de courtiers affinitaires ou de MGA. Raison 1

2- La financiarisation appliquée à la distribution d’assurance

Depuis de nombreuses années désormais, les fonds d’investissement ont repéré les charmes inégalables du courtage d’assurance [ref 1], et notamment ceux des MGA, dont ils sont friands outre Atlantique, outre Manche et sur notre bonne terre de France désormais. Mais qui dit fonds d’investissement dit souvent LBO, dette et remboursements au raz des disponibilités… autant de situations de tension de trésorerie que le courtage traditionnel, familial et patrimonial, ignorait superbement du haut de ses comptes bancaires gorgés des primes d’assurance encaissées pour le compte des compagnies. La financiarisation, le caractère plus « liquide » de cette activité économique la rend, notamment, plus sujette aux aléas et aux retournements financiers. Raison 2

3- Le rôle-même d’un MGA / courtier grossiste

Comme l’auteur de ces lignes a pu le remarquer [ref 2], le MGA est un être hybride entre l’intermédiaire et l’assureur. Sa tendance naturelle le pousse parfois à « remonter dans la chaîne de valeur » (selon le vocabulaire idoine), c’est-à-dire à racheter ou à créer une compagnie d’assurance dont il distribuera lui-même les produits. Mais le rachat d’une compagnie peut être fort onéreux pour un intermédiaire – d’où retour à la case 2 : dette et aléas financiers – voire créer un risque propre à l’assureur : celui consécutif à l’assurance du risque lui-même. Raison 3

De ces constats, on peut tirer les prémisses suivantes : le courtage d’assurance, par son modèle économique propre, le plaçait à l’abri, plus que d’autres, de la faillite. Son admission, en particulier les grossistes et les MGA, dans le grand bain – la grande lessiveuse ? – de l’économie mondiale et financiarisée le fait entrer dans la normalité économique.